Ce texte est une traduction libre de l’article du Center on the Developing Child (2009). Five Numbers to Remember About Early Childhood Development (Brief). Repéré à l’adresse http://developingchild.harvard.edu/resources/five-numbers-to-remember-about-early-childhood-development/
Ces cinq nombres illustrent l’importance de la petite enfance sur les futurs apprentissages, comportements et la santé et expliquent pourquoi il est plus facile et plus efficace d’agir tôt que de tenter de réparer les choses par la suite.
700 nouvelles connexions neuronales par seconde
La petite enfance est un moment important parce que dans les premières années de vie, 700 nouvelles connexions neuronales sont formées chaque seconde. Ces connexions sont formées à la fois par les gènes mais aussi par l’environnement et les expériences du bébé, en particulier les réponses qu’auront les adultes à ses demandes (voir à ce sujet l’article « Serve and return » ), ce que les chercheurs en développement appellent la réciprocité contigente. Ce sont là les connexions qui construisent l’architecture du cerveau , les fondations sur lesquelles reposeront plus tard les apprentissages, les comportements et la santé.
18 mois: âge à lequel les disparités commencent à apparaître dans le langage
Les expériences et l’environnement dans lequel le jeune enfant se développe peut avoir un impact important et durable sur ses réussites futures à l’école et dans la vie. Les barrières à la réussite scolaire des enfants apparaissent tôt, et deviennent de plus en plus difficiles à surmonter sans intervention. Des différences dans la taille du vocabulaire de l’enfant commencent à apparaître dès l’âge de 18 mois, dépendamment de la scolarité et du revenu des parents. À l’âge de 3 ans, les enfants dont les parents avaient un diplôme post-secondaire avaient un vocabulaire 2 à 3 fois plus grand que ceux dont les parents n’avaient pas terminé leurs études secondaires. À leur arrivée à l’école, ces enfants étaient déjà en retard par rapport à leurs pairs, à moins d’avoir un environnement riche en vocabulaire dès leurs premières années.
90 à 100% de risques de retard développemental lorsque les enfants vivent 6-7 facteurs de risques
Des difficultés importantes (lire à ce sujet un article sur le stress toxique) affectent le développement dans les 3 premières années de vie. Plus l’enfant rencontrera de difficultés, plus grands seront les risques de retard de développement. En effet, des facteurs de risque comme la pauvreté, la maladie mentale d’un parent, la négligence parentale ou les abus, la monoparentalité, le manque de scolarité de la mère ont un impact cumulatif. Une recherche a démontré que les enfants négligés et exposés à plus de 6 autres facteurs de risque font face à une probabilité de 90 à 100% de retards, que ce soit au niveau du développement cognitif, du langage, ou affectif.
3 fois plus de risques d’un problème cardiaque à l’âge adulte après 7 ou 8 stress importants durant l’enfance
Les premières expériences de vie affectent effectivement le corps, avec des effets à long terme; pas seulement au niveau du développement cognitive et affectif mais sur la santé physique à long terme également. De plus en plus de résultats de recherches font un lien entre des expériences de stress important durant l’enfance et un risque accru de développer des problèmes de santé à l’âge adulte : diabète, hypertension, ACV, obésité et certains cancers. Les adultes qui ont vécu 7 ou 8 épreuves durant l’enfance ont 3 fois plus de risques d’avoir des problèmes cardiovasculaires. De plus, le groupe d’âge le plus à risque de subir une forme de maltraitance est de la naissance à 3 ans : 16 enfants sur 1000 le vivent.
Chaque dollar investi en programmes pour la petite enfance amène des retours de 4$ à 9$
Offrir un environnement sain aux jeunes enfants dans lequel ils peuvent apprendre et s’épanouir n’est pas seulement bon pour leur développement. Les économistes ont démontré que des programmes pour la petite enfance de grande qualité apportent des retours impressionnants à la société. Trois des plus rigoureuses études à long terme ont démontré des retours de l’ordre de 4$ à 9$ pour chaque dollar investi dans des programmes d’apprentissage destinés à des jeunes enfants à faible revenu. Les participants, qui ont été suivis jusqu’à l’âge adulte, ont bénéficié par la suite de revenus plus importants. La société bénéficiait ainsi de retours par le biais de taux réduits d’éducation spécialisée, d’aide de dernier recours, de coûts judiciaires, et d’une augmentation de revenus d’impôt payés par les participants au programme plus tard dans leur vie.
Ce que nous disent ces cinq nombres
-
Il est plus facile et plus efficace d’agir tôt que de tenter de réparer les choses plus tard.
-
La petite enfance est une période de développement critique parce que les premières expériences ont un impact sur l’apprentissage, les comportements et la santé plus tard dans la vie.
-
Des interventions hautement spécialisées sont nécessaires très tôt dans la vie des enfants qui vivent des situations de grand stress.
-
Les expériences stressantes durant la petite enfance ont un impact à long terme sur la santé physique et mentale à l’âge adulte.
-
Toute la société bénéficie des investissements faits dans les programmes destinés aux jeunes enfants.